Réforme alternative du Lycée

Proposée par Denis NICOLAS,
ancien membre de l'Equipe Nationale du SGL
ancien responsable départemental du SGL 85
ancien élu suppléant au CSE
ancien élu titulaire au CAVL

               

 

Le lycée du 21ème siècle

 Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance !

Abraham Lincoln(1)

 

Introduction

Alors que le lycée de style bonapartiste voit son système vaciller, alors que les niveaux scolaires des élèves français baissent depuis les années 1980 (baisse du « score » PISA des élèves français depuis les années 2000 par rapport à ceux des élèves d’autres pays développés), alors que la plupart des classes des lycées sont surchargées (on voit par exemple des élèves français passer brusquement en l’espace de 2 mois d’une classe de 25 en 3ème à une classe de 38 voire 40 lycéens en 2nde) par des suppressions de postes dévastatrices critiquées par la Gauche comme par la Droite (des critiques allant d’Olivier Besancenot à Luc Ferry (ancien ministre de l’éducation sous le gouvernement Raffarin) en passant par Marie-George Buffet, François Hollande, Dominique De Villepin, . . . ), alors qu’aujourd’hui 95 lycéens et collégiens sont exclus chaque jour scolaire (et 2000 écartés temporairement)(2), alors que la politique de l’éducation face à l’échec scolaire est défaillante (selon le rapport de la Cours des Comptes de mai 2010), la seule réponse des Ministres de l’éducation successifs depuis 2007 a été l’aggravation des suppressions de postes, l’offre d’une formation anémiée voire inexistante pour les nouveaux profs (avec la masterisation), l’arrivée d’une réforme des lycées peu ambitieuse qui fait surtout office de cache-misère et la continuation d’une politique sécuritaire démagogique à grand renfort de caméras de surveillance -pardon- de vidéoprotection, de portiques de sécurité et de « brigades » départementales (au détriment de la création et du maintient de personnel nombreux et formé qui répondra plus pertinemment que des machines à des problèmes de violences scolaires donc de rejets de certaines valeurs de l’école). Ainsi, la dégradation de l’éducation en général n’est toujours pas stoppée mais est même amplifiée au détriment des principaux intéressés, les élèves, les citoyens de demain, qui aujourd’hui voient, malgré les efforts de la grande majorité des membres de la communauté éducative, leur éducation se dégrader, avec de mauvaises conditions d’apprentissage et d’épanouissement personnel. Et, c’est pourquoi nous, lycéens, en tant que futurs acteurs responsables du monde, proposons ici une réforme ambitieuse du lycée (qui deviendra ainsi plus juste, plus humain, plus accompagnateur, plus durable et plus moderne), afin que chacun puisse réussir, s’épanouir et penser par lui-même, donc puisse avoir toutes les clés pour que le monde de demain soit meilleur, pour tous, que celui d’hier et d’aujourd’hui.

I – Une réforme générale des lycées

Le Lycée français souffre de maux anciens, tenaces parmi lesquels on peut citer les journées « marathon » des lycéens avec 8 – voire 9h de cours par jour pour certains – entrecoupées de longues semaines de vacances (qui déstabilisent encore un peu plus le rythme biologique des adolescents et entravent donc l’apprentissage), les déséquilibres notable entre les voies de l’après 3ème (apprentissage, bac pro, bac techno, bac général ) et à l’intérieur de celles-ci (entre les séries scientifique et littéraire par exemple) ce qui occulte largement la liberté de choix des post-3ème , le manque de lisibilité des acteurs de l’orientation (Onisep, professeurs principaux, assistants d’éducation, conseillers d’orientation psychologues, C.D.I., C.I.O., . . . ) qui entraine souvent des orientations « par défaut », le bachotage comme méthode presque obligatoire (avec la tenue d’un seul examen par matière en 3 ans pour un seul point du programme) pour l’épreuve-reine et incontestée qu’est le baccalauréat, l’indiscutabilité de la note en bacs généraux et technologiques qui ne tient pas compte de l’acquisition de toutes les connaissances et compétences acquises et qui peut se révéler très subjective (en philosophie notamment) . . . A ces situations s’ajoutent des problèmes nouveaux dans le lycée tels la restriction du choix de niveau de qualification avec la disparition du BEP, l’apparition de classes surchargées qui rendent plus difficile un apprentissage adapté à chacun, la disparition progressive des assistants d’éducation remplacés par des caméras et grillages qui n’ont surement pas la même capacité d’écoute et d’accompagnement vis-à-vis des élèves, l’apparition du soutien scolaire privé qui accroit les inégalités et pose une entorse au principe de l’égalité républicaine, désintérêt des lycéens pour la démocratie lycéenne . . .

C’est donc à nous, lycéens, de proposer nos solutions à ces problèmes pour améliorer notre éducation afin que nous ainsi que les générations futures puissent bénéficier d’un apprentissage de qualité et puissent s’épanouir au lycée.

 

a) 4 lycées pour l’après 3ème

Afin que chacun puisse, après sa 3ème choisir vraiment sa voie en fonction de ses goûts, de ses capacités, en ayant une structure globalement identique (pour que chacun étudie comme dans les domaines qu’il souhaite en ayant une même qualité offre éducative et matérielle), 4 lycées doivent être crées, l’un pour la voie professionnelle en alternance, l’autre pour une voie professionnelle en continu, un autre pour une voie technologique et, enfin, un dernier pour une voie générale.

En ce qui concerne le nouveau lycée d’enseignement professionnel en alternance, qui délivrera une formation un peu plus courte mais plus professionnelle et plus concrète, il devra comprendre deux diplômes, l’un de 2 ans, le CAP (dont la structure ne devrait pas trop évoluer) puis, pour les titulaires d’un CAP qui le souhaitent, un diplôme plus général et d’approfondissement professionnel, le BEP, pour ensuite, après ces diplômes, entrer plus facilement dans le monde du travail avec une solide formation tout en permettant un épanouissement de l’élève dans un cadre mi-théorique mi-pratique.

Pour le lycée d’enseignement professionnel en continu, avec une formation professionnelle moins spécialisée et plus générale, rien ne devrait pratiquement être transformé par rapport à l’actuel mis à part l’apparition de similitudes plus fortes entre ses séries et avec les autres lycées. Cet enseignement offre à ces lycéens plusieurs horizons pour l’après BAC: une entrée directe vers le monde du travail voire l’accession à un BTS ou à un DUT voire à une licence professionnelle; tout en permettant son développement manuel et intellectuel dans un cadre presque entièrement scolaire.

Le lycée d’enseignement technologique, quant à, lui délivrera une formation générale et spécialisée par domaine professionnel, et permettra, grâce à une réforme en profondeur de la 2ndeGT qui permettra un vrai choix entre voies générale et technologique ainsi qu’une spécialisation plus poussée par domaine professionnel. De plus, cet enseignement prépare idéalement, pour le post-BAC, à un BTS ou un DUT ou bien une licence professionnelle voire à une prépa voire à une licence, portes d’entrées vers le monde du travail. Mais il permet aussi un épanouissement du lycéen avec un enseignement intellectuel concret.

Enfin, le lycée d’enseignement général délivrera une formation générale et théorique avec une moindre spécialisation et avec une terminale organisée par dominantes, pour que les élèves approfondissent les matières qu’ils préfèrent pour que chacun se développe mieux intellectuellement tout en ayant en vue, le Bac en poche, une entrée en université et dans les grandes écoles. Ainsi, la classe de première générale serait donc une classe de détermination au sein de la voie générale et la terminale serait orientée vers une matière dominante (histoire-géo, SES, maths, lettres, SVT, EPS, . . . ) choisie par l’élève.

Mais, afin de garantir un niveau minimum de culture générale, pour que chacun puisse pouvoir penser par lui-même et s’épanouir, pour empêcher toute dévalorisation d’une voie par rapport à une autre et pour assurer le droit de se tromper d’orientation à tous, le principe du lycée polyvalent regroupant toutes les voies doit être privilégié et un « tronc commun » doit exister entre toutes les voies avec notamment l’apparition de la philosophie pour toutes les classes de terminale et de BEP et des classes « d’adaptation » doivent être crées afin de favoriser le passage entre toutes les voies et toutes leurs séries ( des classes qui seront des structures à demi intégrées dans les classes de prédilection mais avec un volume horaire ( de rattrapage ) plus lourd et un accompagnement plus important pendant ce temps d’adaptation ( qui peut aller de 3 mois à 1 an ) ) . De plus, dans chaque ville où il existe un lycée général, technologique, professionnel en continu ou professionnel en alternance, toutes les voies doivent être progressivement proposées pour que, à terme, partout, il n’y ai qu’un seul lycée avec 4 voies, afin que tous les élèves aient un vrai choix quant à leur sélection de formation post-3ème.

 

b) Un nouveau dispositif qui répartit plus équitablement les moyens

Afin de faire de l’égalité des chances le leitmotiv du lycée de demain, afin que chaque lycéen ait les mêmes chances que tout les autres, afin de « gommer » au maximum les inégalités (causées par le milieu social d’origine) entre les élèves, afin que tous les lycées puissent réaliser les mêmes objectifs scolaires, nous proposons la création d’un nouveau dispositif d’allocation différenciée des ressources humaines et matérielles entre les lycées, qui prend en compte la diversité des situations scolaires. Ainsi, une partie des moyens sera allouée en fonction des niveaux des élèves de chaque établissement, de leurs milieux sociaux d’origine, afin de donner à chaque lycée les moyens nécessaires pour emmener au mieux le maximum d’élèves au niveau BAC et que tous les lycées puissent donc réaliser l’objectif de 80% de réussite au BAC, sans abaisser le niveau de ce dernier et sans non plus laisser des élèves au bord du chemin, sacrifiés pour réaliser cet objectif à tout prix.

Ainsi, une classification des lycées doit être établie, en se basant sur le taux de réussite attendu au bac (compte tenu de la sociologie et des résultats du brevet, comme le fait le Ministère) de chaque lycée, afin d’allouer les moyens aux établissements qui en ont objectivement le plus besoin. Les lycées qui ont donc des taux de réussite attendus supérieurs à 80% seront classés en zone A, ceux ayant des résultats attendus compris entre 70% et 80% seront en zone B, les établissements crédités de 60% à 70% de réussite seront classifiés en zone C et, enfin, les lycées ayant des taux de réussite estimés inférieurs à 60% seront en zone D. Des moyens spécifiques doivent donc être affectés à chaque lycée en fonction de sa « zone », afin que chacun puisse avoir les moyens de sa réussite et que tous soient égaux dans le système scolaire. Des allocations immédiates doivent donc être allouées aux établissements les plus « défavorisés« , comme l’institutionnalisation d’une heure de cours de plus pour les élèves de lycées de zone B et de 2h supplémentaires pour les élèves de zone C et D, heures (facultatives ?obligatoires? renforcement ? . . . ) dont l’utilisation doit être définie annuellement par l’équipe pédagogique de l’établissement, afin de s’adapter aux besoins spécifiques de chaque lycée.

L’assouplissement de la carte scolaire commence à causer d’importants dommages sur la mixité scolaire, comme en témoigne le rapport du SNPDEN de mai 2010, ce qui est évidemment dommageable à notre système éducatif. Car, une mixité sociale dans nos lycées est surtout un gage d’égalité républicaine, d’égalité des chances et de conformité à l’esprit de l’école républicaine, créatrice du creuset national républicain. De plus, la mixité sociale est aussi un formidable vecteur de mobilité et brassage social, conditions obligatoires pour une société équitable basée sur le vivre ensemble. C’est pourquoi nous demandons le retour à la situation d’avant 2007 en ce qui concerne la carte scolaire ainsi qu’une réforme des zones (par des commissions locales associant tous les acteurs [professeurs, élèves, parents d'élèves, élus, chefs d'établissement, . . . ]) de cette dernière afin de renforcer la mixité scolaire dans nos établissements. En effet, un nouveau lycée doit représenter la nouvelle société mixte demain.

 

c) Une nouvelle pédagogie dans un lycée plus adapté aux lycéens

Aujourd’hui, les lycéens subissent des journées de 8 voire 9 heures de cours quand nos homologues allemands terminent les cours à 14h par exemple et avec des scores PISA bien meilleurs que nous, français !

De plus, concernant les rythmes scolaires, un fait est occulté le plus souvent par les systèmes éducatifs de tous les pays : l’existence d’une horloge biologique décalée des jeunes (qui fait que les adolescents et post-ados sont en décalage horaire perpétuel). Ainsi, ce fait prouvé par de nombreuses et larges études scientifiques(3), a des effets visibles en cours (puisque 55% se sentent somnolents dans la journée au moins 1 fois par semaine, 30 % d’entre eux ont tendance à s’endormir(4) et 20% des adolescents consomment des psychotropes [selon Le Monde éducation du 12 mai 2010]) pouvant même plonger certains jeunes dans la dépression ! Pourtant, des solutions existent comme retarder l’entrée en cours comme cela s’est fait avec succès à Minneapolis (USA)(5) et comme l’a recommandé l’Iserm(6).

Aussi, le nombre d’heures de cours par semaine au lycée est impressionnant vis à vis de nos voisins, qui ont pourtant de meilleurs résultats. L’année scolaire française dure par exemple 144 jours, bien au deçà de la moyenne de l’OCDE (qui rassemble tous les pays développés), contribuant donc à des journées marathons, très surchargées. Un emploi du temps surchargé qui est aussi souligné par Luc Ferry (dans Le Monde éducation du 14/04)(7) . . . De plus, le nombre annuel d’heures d’enseignement pour les jeunes de 15 ans est de 1033h contre 900 en Allemagne et 856 en Finlande, pays où pourtant le niveau scolaire est bien supérieur, ce qui laisse supposer que ce nombre important d’heures est surtout contre-productif.

Donc, en résumé, des cours de 25 heures par semaine obligatoires ( + 3 heures d’options facultatives ) réparties en 5 jours ( pour favoriser la récupération pendant le week-end, les activités sportives et artistiques , les loisirs, . . . ) avec des journées scolaires allant de 9h à 16 h30 (comme en Angleterre) devront être mis en place dans tous les lycées (afin de favoriser la santé des lycéens ainsi que leurs activités sportives et artistiques, essentielles pour leur développement physique et intellectuel) sur 180-200 jours annuels, en respectant le rythme 7 semaines de travail suivies de 2 semaines de repos, comme en 1986.

De plus, afin de favoriser encore plus l’apprentissage, comme en Allemagne, les cours de toutes les voies (bien-entendu) doivent passer de 55 minutes à 45 minutes(8) pour éviter un certain « gavage intellectuel » lié à des cours trop longs et pour favoriser un certain dynamisme, indispensable pour renforcer l’émulation intellectuelle et la prise de parole de tous, que de trop longues heures de cours assèchent.

Aussi, afin que tous acquièrent une plus grande autonomie pour l’avenir, pour que l’inventivité soit stimulée, pour que la capacité de raisonnement et de questionnement soit amplifiée, afin que tous apprennent à travailler en équipe tout en favorisant un apprentissage actif de notions et de méthodes de travail et d’organisation où les élèves soient acteurs de leur propre éducation, 2 heures obligatoires par semaine de cours de travaux créatifs doivent être instaurées pour chaque classe des 4 voies. Pendant ces 2 heures, sous l’encadrement de professeurs de toutes les matières, chaque groupe travaillera sur un sujet pluridisciplinaire, qu’il ont choisi en début d’année, sur le modèle de T.P.E., afin de répondre, de la manière dont ils le souhaitent ( dossier, expérience, . . . ) à la problématique (qu’ils auront préalablement définie) mais en comptant une présentation orale et un support écrit. Ainsi, les professeurs les guideront dans leur questionnement, leur recherche documentaire puis leur rédaction et leur présentation tout en transmettant des notions nouvelles, des approfondissements ainsi que des méthodes de travail et d’organisation pour un apprentissage en interaction, plus attractif et toujours aussi enrichissant pour les uns et pour les autres.

Afin de rendre l’évaluation des compétences et des connaissances plus positive et plus concrète, afin de faire face à la subjectivité ( même inconsciente et minime ) et à l’abstraction de la méthode actuelle, la notation, et son indissociable « constante macabre », un nouveaux système, pour tous les niveaux et toutes les voies, doit être mis en place : les unités capitalisables. Ainsi, chaque compétence et chaque connaissance apprises d’importance équivalente correspondront à une unité et ce sera à la charge du correcteur de vérifier, par le biais de l’évaluation (devoir sur table, exposé oral, . . . ), si l’élève a acquis ou non cette unité, donc cette notion, cette méthode, ce savoir-faire ( par exemple pour une dissertation, une unité correspondra à l’acquisition de la méthode de l’introduction, l’autre sur la capacité à problématiser un sujet, une autre encore sur la connaissance d’un mouvement littéraire particulier, . . . ).

Enfin, nous proposons une réforme en profondeur du baccalauréat, pour que cet épreuve ne se joue pas sur une ou deux semaines, fin juin, comme actuellement, pour éviter le bachotage qui montre les limites du bac, pour permettre aux lycéens de ne pas miser toute leur scolarité sur une seule épreuve, injuste de surcroit, car privilégiant l’élève qui, par chance, a étudié le sujet proposé à celui qui a travaillé tous les points du programme. Pour ce faire, les années de terminale et de BEP devront être « découpées » en 2 semestres tout comme les programmes qui devront être divisés en 2 parties d’importance égales (dont l’ordre entre les parties est évidemment au choix de l’enseignant en ce qui concerne sa matière). Ainsi, à chaque fin de semestre, une épreuve de bac et de BEP sera organisée, avec pour chaque matière 2 sujets au choix, chacun correspondant à une des 2 parties du programme. De plus, l’évaluation est évidemment faite par unités capitalisables.

Ce sera donc une sorte de bouleversement horaire et pédagogique, au bénéfice de l’amélioration de la santé des lycéens, de leur apprentissage, de leur culture personnelle et de leur capacité de réflexion tout en ayant une meilleure évaluation de leurs compétences et connaissances assimilées pour un meilleur suivi de chacun.

 

d) Un meilleur encadrement et des équipes mieux formées et plus stables :

L’éducation dépend aussi de l’encadrement des élèves, n’importe quel élève qui est passé d’une classe de 25 élèves en 3ème à une autre de 35 voire 40 jeunes en 2nde pourra le confirmer. De plus, le petit effectif permet naturellement un suivi plus personnalisé de l’élève (afin de lui offrir au mieux un enseignement plus adapté à ses capacités, à sa compréhension sur telle ou telle notion), de favoriser la prise de parole (qu’il est plus difficile d’exercer dans une classe à gros effectif) et d’offrir un apprentissage plus rapide et plus approfondi du programme (ce qui explique, en partie [avec les travaux créatifs qui abordent de manière transversale les différentes notions, . . . ] une baisse du nombre d’heures de cours par semaine dans cette réforme) puisque désormais le professeur aura un effectif plus réduit à gérer, avec donc des bavardages, des profils différents en moins. Enfin, ce n’est surement pas pour rien que les lycées privés élitistes (dont certains tournent à une quinzaine d’élèves par classe) et que leurs homologues publics bataillent pour obtenir des heures en demi groupes(9) : il y a vraiment un besoin de classes non surchargées pour une éducation de qualité ! C’est pourquoi nous demandons, qu’une limite nationale de 30, puis de 25 élèves par classe soit instaurée. Car, avec 25 élèves par classe, un suivi personnalisé de l’élève est apporté sans pour autant briser la dynamique de la classe par manque d’élèves. En ce qui concerne les établissements plus « défavorisés », une limite de 22 élèves par classe doit être instaurée pour les lycées de zone B, limite qui doit tomber à 18 élèves pour ceux de zone C et à 16 élèves par classe en zone D.

De plus, pour permettre un réel suivi des élèves et afin d’animer et de gérer efficacement la vie à l’intérieur des lycées, une requalification des assistants d’éducation est nécessaire ainsi qu’une augmentation de leurs effectifs. Ainsi, une formation initiale générale (psychologie, pédagogie, gestion administrative de la vie scolaire, accompagnement des sanctions, remise à niveau si besoin, . . .) d’un mois (en août vraisemblablement) doit être délivrée par les IUFM à tous les nouveaux assistants d’éducation, recrutés d’ailleurs au niveau BAC (pour qu’ils aient les connaissances et compétences nécessaires pour accompagner les lycéens). De plus, pendant leur première année de fonction, ils suivront une formation, en alternance avec leur travail, de 6×1 semaine où il y aura un approfondissement de la formation initiale, des retours d’expérience sur le terrain ainsi qu’une spécialisation des assistants d’éducation sur 3 domaines : soit « le soutien individualisé » (les assistants d’éducation devront donc aider les lycéens sur des lacunes, des problèmes d’organisation,… pendant les heures d’études), soit « l’orientation » ( ils devront donc conseiller les lycéens sur leur orientation et les accompagner dans leurs recherches ) soit la « vie scolaire » (ils assureront, en partie, la gestion des services administratifs de vie scolaire ainsi que l’accompagnement des sanctions). Ainsi, les assistants d’éducation seront mieux formés pour faire face à toutes les situations, au grand bénéfice de tous. Aussi, afin d’assurer de meilleurs taux d’encadrement pour un suivi plus important des lycéens, une limite nationale de 1 assistant d’éducation pour 80 élèves doit être instaurée, une limite pour les lycées de zone B de 1 assistant d’éducation pour 65 élèves, pour ceux de zone C de 1 assistant pour 50 élèves et, enfin, une autre de 1 assistant d’éducation pour 40 élèves doivent être mises en place. Cette mesure permettra, de plus, de lutter efficacement contre les violences scolaires grâce à une grande présence de surveillants dans le lycée (plus efficaces qu’une caméra pour prévenir les conflits) et à un accompagnement renforcé qui évitera tout sentiment d’ »abandon », par rapport à ses problèmes (scolaires, orientation, . . . ), de la part de l’institution scolaire que peut ressentir un lycéen.

Aussi, la formation(10) et les affectations des professeurs doivent être revues afin d’avoir, dans tous les lycées, des équipes pédagogiques stables, mieux formées que celles voulues par l’actuelle réforme de la formation et en supprimant l’aberration actuelle qui veut que les professeurs débutent dans des classes de Z.E.P. ( où l’atmosphère, de l’avis de tous, est plus tendue et violente [puisque 30% des incidents graves se produisent dans 5% des lycées(11)]), encourageant donc déconvenues et , parfois, dépressions. C’est pour cela que nous demandons une formation plus pédagogique, parce qu’enseigner est un métier qui s’apprend, tout en intégrant cette formation dans la réforme LMD(12) afin d’apporter une formation reconnue et fiable aux enseignants. Ainsi, nous souhaitons qu’un nouveau système voie le jour, avec un accès au niveau de la licence (licences acceptées : double licence avec la filière « sciences de l’éducation » et une autre filière ou bien licence avec un parcours en L3 « métiers de l’enseignement » ou « sciences de l’éducation ») à un master disciplinaire (en fonction de la matière d’enseignement envisagée), où il acquerra les connaissances disciplinaires supplémentaires correspondant au niveau master (ou pour les professeurs des écoles une formation générale pour la primaire et la maternelle ) et dans lequel des modules complémentaires pré-professionnalisants (consacrés à l’histoire de la discipline (ou bien de celle de l’enseignement primaire pour les futurs professeurs des écoles), à l’épistémologie, à la pédagogie et à la didactique, pour apprendre à transmettre ses connaissances, à susciter des interactions pendant ses cours et à guider les recherches de ses élèves). Une fois le master obtenu, le concours réussi, le professeur suivra un stage-formation rémunéré d’une année dans un lycée en assurant 6 heures de cours/semaine (sous la tutelle d’un professeur expérimenté de cet établissement), assistera à une formation (gestion du stress, des conflits, retour d’expériences, renforcement du bagage pédagogique, . . . ) [ dispensée par les IUFM] pendant 12 heures/semaine et assurera pendant 3 heures hebdomadaires un soutien scolaire via le Service Public d’Aide Scolaire (voir plus loin). Après validation de cette année de stage-formation, une année de stage rémunéré sera suivie par les professeurs avec 15 heures de cours/semaine (toujours sous une tutelle), 6 heures hebdomadaires de formation (toujours à l’IUFM) et 3 heures de soutien scolaire par semaine. Enfin, une fois ces stages rémunérés terminés, ce nouveau professeur ira durant 2 ans enseigner dans un établissement non spécifique (pour pouvoir avoir assez d’expérience) pour ensuite exercer dans une école de Z.E.P. pendant 3 ans minimum. Ainsi, les professeurs seront mieux formés pédagogiquement et les jeunes professeurs auront plus d’expérience pour pouvoir enseigner avec plus d’assurance en Z.E.P. ou ailleurs, au grand bénéfice de tous.

Afin de prévenir tout acte de violence scolaire et afin de mieux gérer ces derniers, tous les 6 ans, une formation d’une journée sur la gestion des conflits (avec des retours d’expériences, des mises en situation, . . . ) doit être délivrée à tout le personnel éducatif ( professeurs, assistants d’éducation, CPE, . . . ) et , tout les 12 ans, à tout le personnel travaillant dans les établissements scolaires (infirmiers scolaires, personnel administratif des établissements, . . . ), pour que tous soient sensibilisés à ces situations. Cet intervalle maximal entre 2 formations est abaissé à 3 ans pour le personnel éducatif d’une Z.E.P. (où ces cas sont malheureusement les plus fréquents généralement) et à 8 ans pour les personnels non-éducatifs des établissements de ces zones.

Et, comme cela se fait à Lyon(13), un point écoute national pour les futurs et jeunes professeurs principalement, animé par des psychologues cliniciens, doit être mis en place afin de les accompagner mieux dans leur travail et les aider à mieux surmonter leurs difficultés. Ce point écoute devra avoir des antennes académiques ainsi que des salles affectées dans chaque préfecture, afin de bien recevoir ces enseignants, pour un réel suivi, positif pour tous.

Enfin, pour que tous les enseignants profitent d’une formation continue, indispensable à nos yeux pour disposer d’une éducation de qualité et toujours moderne, une formation annuelle de 20 heures (celle des salariés français est de 20h/an) devra être dispensée par les IUFM. Ces formations doivent porter sur l’acquisition de nouvelles connaissances et compétences, sur la pédagogie et les nouvelles méthodes d’apprentissage, sur les TICE(14), sur les retours d’expériences, . . . pour que chaque professeur puisse être à un excellent niveau pour des cours et des transmissions de connaissances encore meilleures.

 

e) Un meilleur accompagnement du lycéen :

Aujourd’hui, tout le monde ou presque se perd dans la jungle de l’orientation. Entre professeurs principaux, conseillers d’orientation psychologues, assistants d’éducation, CDI (avec son kiosque ONISEP), CIO ( réparti uniquement dans les grandes villes ), forums de l’orientation de toutes sortes, ONISEP ( organisme public mais aux publications payantes), processus d’orientation active, CIDJ , et les diverses officines privées sans compter les multiples guides et les différents sites internet, toute une multitude d’acteurs et d’intervenants sont là pour conseiller, gratuitement ou non, le lycéen dans ses démarches d’orientation, au grand désavantage de beaucoup de jeunes, perdus ou remplis de doute, ne sachant plus à quel conseiller se vouer ! C’est pour permettre une orientation pour tous les élèves, simple, lisible et claire que nous demandons la création d’un Pôle Public de l’Orientation, vieille revendication lycéenne et récente promesse présidentielle. Ce pôle, piloté par les ministères de l’Education Nationale et de l’Enseignement supérieur et issu de la fusion des CIO et de l’ONISEP serait doté d’une antenne dans chaque établissement scolaire, ouverte à tous et disposant de la plupart des revues d’orientation et de personnel formé, (voire, pour les grandes villes, d’un site ou de sites, faciles et rapides d’accès [depuis les lieux d'étude] regroupant tous ces services quant il y a des établissements scolaires proches) d’un site internet unique, d’une application pour mobiles (gratuite) ainsi que d’un numéro de téléphone(15) (non surtaxé) pour tous ceux qui souhaiteraient s’informer sur les différentes formations, métiers, . . . De plus, chaque lycée et chaque collège auront dans leur centre orientation du pôle des assistants d’éducation spécialisés dans l’orientation pour guider les lycéens (et les collégiens) dans leurs démarches ainsi qu’un COP-Psy, présent dans ces lieux le plus fréquemment possible pour un maximum de suivi des jeunes. Aussi, les centres de chaque lycée disposeront d’au moins 2 tiers des publications papier du Pôle Public d’Orientation, désormais vendues à moins de 2€ voire gratuites, consultables par tous ainsi que d’ordinateurs disposant de tous les cédéroms et logiciels conçus par le Pôle. Ainsi, les lycéens disposeront d’une vraie information claire, lisible et facilement accessible en ce qui concerne leur orientation, afin que chacun décide, en toute connaissance de cause, de son avenir.

Aujourd’hui, se multiplient les créations de sociétés privées de soutien scolaire, de petites annonces pour des cours de soutien payants pendant que des élèves, noyés (dans leur classe) par la masse d’élèves et submergés par des programmes trop chargés, accumulent des lacunes ou, plus généralement, n’assimilent pas assez rapidement (pour le rythme moyen) des connaissances sans pouvoir pour autant avoir les moyens de se payer ces cours particuliers relativement onéreux. Une éducation à deux vitesses est donc en train de se créer avec d’un coté des familles de lycéens pouvant se permettre un financement de services scolaires (ponctuels le plus souvent) et d’autres ne le pouvant pas (alors qu’ils leur frauderaient généralement quelques cours ponctuels sur 1 ou 2 notions males assimilées) : c’est donc une véritable entorse au principe consensuel et juste de l’école républicaine où seuls les connaissances, les compétences et le travail des individus sont pris en compte. Donc, parce que nous ne sommes pas égaux dans la compréhension des cours, parce que personne de volontaire ne doit être laissée au bord du chemin, parce que l’argent ne doit aucunement être un facteur dans l’assimilation de notions et de savoir-faire et parce que chaque lycéen a le droit à l’erreur (en ce qui concerne l’apprentissage ici), un service public d’aide scolaire doit être créé afin que chacun, qu’importe son origine socioculturelle, qu’importe sa fortune, puisse avoir la possibilité d’assimiler des connaissances et des compétences mal- ou in- comprises pour que chacun puisse, à son rythme, disposer de la formation qu’il souhaite et mérite. Ce nouveaux service public doit comporter trois dimensions : un soutien scolaire, assuré par des assistants d’éducation spécialisés dans le soutien scolaire ainsi que des professeurs, dans l’enceinte des établissements pendant les heures d’études et lors de créneaux hors temps scolaire spécifiquement aménagés; un site internet, véritable plateforme d’échanges entre élèves et professeurs avec des forums spécifiques disciplinairement et des exercices en ligne spécifiquement élaborés par des professeurs et un numéro national de téléphone où des professeurs, des assistants d’éducation et des psychologues répondront aux questionnements des élèves et des parents sur des sujets de cours, des incompréhensions de concept ou d’utilité de certaines matières voire de l’institution scolaire (qui peuvent se produire, créant donc voire aggravant des difficultés scolaires liés au sentiment d’apprentissage sans but). Ainsi, les élèves pourront se faire réexpliquer des sujets de cours mal- ou in- compris et pouvoir avoir des réponses indispensables, pour leur apprentissage et leur avenir, faces à leurs questionnements sur l’univers scolaire.

Un meilleur accompagnement des lycéens doit se faire aussi en ce qui concerne les sanctions dans le cadre scolaire, afin que les élèves, encore dans un cycle d’apprentissage ne l’oublions pas, auteurs de manquement aux règlements puissent comprendre la raison de la sanction et prennent la conscience leurs actes, afin que tous puissent s’épanouir dans un environnement calme et pour que chacun puisse assimiler les raisons d’une régulation obligatoire entre humains (par le biais de lois, de règlements, . . ) et du respect de ces réglementations ( tout en développant le sens critique des jeunes faces aux lois liberticides). Pour ce faire, désormais, toute sanction donnée par le conseil de discipline ou par une commission de discipline16 devra s’accompagner obligatoirement d’une rédaction de l’élève où il entamera une réflexion sur son acte et sur son caractère néfaste ( texte qui sera ensuite transmis aux membres du conseil de discipline) puis, chaque trimestre ( voire chaque mois, voire hebdomadairement selon la décision du conseil de discipline) il devra rendre, sous format au choix, un exposé-rédaction de réflexion sur la violence scolaire ou sur le respect ou bien encore les lois et règlements à la vie scolaire et, ensuite, discuter de cet exposé avec un assistant d’éducation spécialisé « vie scolaire ». De plus, les exclusions définitives d’établissement doivent être supprimées et remplacées, avec l’accord du jeune concerné et de sa famille, par des affectations temporaires de ces élèves dans des classes départementales spécialisées, en petits groupes (8-12 élèves), afin de mieux les suivre pour les réintégrer ensuite dans le cadre scolaire après ce temps de réadaptation éducative à l’école, dans l’objectif que tous puissent assimiler les normes et valeurs de la société pour que personne n’en soit marginalisé contre son gré; quand les exclusions définitives d’établissements excluent peu à peu (en faisant naître chez le jeune sanctionné un sentiment de rejet de l’école, voire de la société) les élèves de la communauté scolaire, clé de l’intégration sociale. De plus, les exclusions définitives peuvent parfois, dans certains cas, prendre l’aspect d’une double sanction, l’une administrative (l’exclusion en elle-même) l’autre sociale (si l’élève, à partir de 17 ans, se retrouvant sans établissement et sans l’obligation d’en retrouver un nouveau n’en intégrera pas un, ce qui le laissera vraisemblablement sans diplôme, donc avec peu de chances d’obtenir un emploi par la suite).

Aussi, un meilleur accompagnement signifie également l’existence d’une réelle continuité des cours. Car, aujourd’hui, par manques de professeurs remplaçants, un élève a perdu en moyenne, dans toute sa scolarité, une année de cours à cause de ses absences non-remplacées. C’est donc une situation alarmante qui fragilise le niveau scolaire des élèves, donc leur niveau de connaissances et pousse les professeurs à « boucler » le programme pour tenter de rattraper leurs absences non remplacées. Une solution s’impose logiquement, solution qui permettra d’ailleurs d’augmenter en toute logique les connaissances de tous les élèves, celle de garantir des postes titulaires de remplaçants à plein temps et en nombre suffisant pour palier toutes les absences d’enseignants supérieures à 3 jours. Et, qui plus est, ces professeurs remplaçants, rattachés chacun à un lycée particulier et pouvant intervenir dans tout un secteur déterminé, quand ils ne remplaceront pas leurs collègues, seront affectés au Service Public d’Aide Scolaire, afin d’aider au mieux tous les écoliers.

 

f) Le lycée, moteur d’une révolution durable, numérique et en terme de mobilité

Parce que tout lycéen, où qu’il habite, a le droit à une éducation entièrement gratuite; parce que chaque élève doit pouvoir aller dans l’école qu’il souhaite, sans contrainte géographique ni pécuniaire ; parce que l’éducation ne doit être un poids financier pour les familles (par exemple, des familles payent plus de 300€ par an par enfant/jeune scolarisé pour ces transports alors que les fins de mois se jouent à 50€ dans des millions de ménages français) ; nous demandons la création d’un Service Public du Transport Scolaire qui rendra, pour tous les élèves, les coûts des transports (en commun) entre l’école et le domicile gratuits. Ainsi, l’éducation sera accessible à tous, peu importe le lieu d’habitation, sans contrainte d’argent ; faisant donc tomber la dernière barrière à une véritable égalité des chances, celle de l’éloignement géographique. De plus, en ne faisant rembourser que les trajets pris avec des transports en commun, ce dispositif incitera ces futurs citoyens à utiliser ces transports durables pour d’autres trajets, car les utilisant quotidiennement. Ce service sera sous la forme d’un paiement direct, par une caisse, alimentée par les communes, les départements et l’état, des services des transporteurs de ramassage scolaire; ainsi les familles n’auront pas besoin d’avancer le coût du transport.

Pour que le lycée soit compatible avec un 21ème durable, il se doit de devenir l’un de ses promoteurs et l’un de ses exemples, un endroit où il fait bon étudier sans porter atteinte à l’environnement. Ainsi, tous les nouveaux lycées construits doivent être des bâtiments à basse consommation et tous les lycées déjà édifiés doivent être rénovés selon la norme HQE. De plus, afin que tous les lycéens puissent être formés au développement durable sous tous ses aspects pour une utilisation, professionnelle et théorique, de ces connaissances dans le monde de demain, une option Développement Durable (Co-animée par des professeurs de SVT, d’Histoire-Géographie et de SES), doit être proposée dans toutes les voies et, à terme, dans toutes les séries. Le lycée pourra aussi lancer des innovations dans le domaine du développement durable (optimisation de l’utilisation de l’énergie, création de nouvelles démarches durables, . . . ) en s’appuyant sur la créativité des lycéens et sur celle des équipes éducatives, créant donc une émulation intellectuelle dans les établissements où chacun pourra donc mobiliser ses connaissances et ses savoir-faire pour des projets immédiatement concrets.

En cette ère numérique, alors que de nouveaux moyens numériques profitables à l’éducation apparaissent, un pays comme la France ne peut passer à côté de tels moyens qui feront, à coup sûr, progresser la qualité de notre éducation. Et ces moyens, instruments éducatifs parmi d’autres, ne sont diffusés qu’en petit nombres au sein des établissements ce qui laisse craindre un retard numérique pris par notre pays au niveau éducatif. Nous demandons donc à ce que chaque salle de cours soit équipée soit d’un rétroprojecteur soit d’un TBI(17), afin de rendre les cours plus interactifs et d’y insérer plus de documents pour un enseignement plus riche. De plus, parce que l’usage des TICE(14) devient presque obligatoire pour l’apprentissage des langues(18), parce que l’outil informatique devient de plus en plus utilisé en sciences (notamment pour modéliser les expériences), parce qu’il ne doit pas exister de fracture numérique entre les élèves (possible source future d’inégalités), parce que les élèves (étant donné l’explosion des connaissances actuelles) doivent apprendre à mieux rechercher les informations pour ensuite les comprendre et les analyser (au lieu de leur inculquer sans réflexion comme au 19ème siècle), nous proposons que tout lycéen est la possibilité d’acquérir grâce à son établissement un micro-ordinateur voire, mesure la plus pertinente à nos yeux, une « tablette » numérique(19) (plus légère, multimodale donc mieux adaptée au cadre scolaire et à son utilisation éducative), chacun doté de logiciels/applications ). Cet équipement informatique, utilisé en complément de l’écrit, sera financé par l’état et la Région, ce qui sera un investissement gagnant pour tous car ces achats permettront de mieux faire progresser l’éducation grâce à de nouveaux moyens et de former toute une génération à l’informatique quand désormais les salariés du secteur tertiaire travaillent plus de 50% de leur temps sur informatique. Et, pour que l’informatique se diffuse plus efficacement dans l’éducation, tous les professeurs doivent être équipés d’ordinateurs portables afin de leur donner les moyens de créer des cours hybrides, interactifs, pour une meilleure éducation.

En ce qui concerne les repas fournis par les selfs et cantines des lycées, ils font généralement l’objets de critiques (parfois justifiées, quelques fois discutables) sur leur qualité (souvent altérée par les multiples précautions d’hygiène imposées aux restaurants scolaires), voire leur consistance (souvent maigre par rapport aux besoins de certains élèves); critiques dont il faut tenir compte étant donné qu’elles sont souvent vérifiées (comme l’a montré un article du magazine Marianne en 2009), étant donné que les lycéens, pour être en bonne santé, doivent se nourrir correctement. Donc, parce que l’école doit aussi s’occuper de la santé des élèves, parce que le lycée doit aussi faire acquérir de la culture gastronomique aux lycéens, parce que chacun a le droit à manger de la nourriture de qualité, parce que tous les élèves ont le droit de manger convenablement pour un prix juste, nous demandons que dans chaque restaurant scolaire de chaque lycée, au moins un menu entièrement « bio » (les produits constituant ces menus pourront être achetés dans des AMAP(20), ce qui, en plus, permettrait de proposer aux lycéens demi-pensionnaires des produits locaux) soit proposé, que les prix des repas soient indexés sur l’évolution des prix à la consommation, gelés en cas de situations locales économiques et sociales difficiles ( licenciements, . . . ) et limités à 3€50(21).

 

g) Un lycée ouvert sur l’extérieur et plus autonome

Le lycée doit être l’un des moteurs de la société, tant par le savoir qu’il véhicule que par les valeurs (mérite, égalité, travail collectif et personnel, . . . ) qu’il représente. C’est donc tout naturellement qu’il doit absolument devenir partie prenante de la société, en ne se cloîtrant pas, comme, malheureusement, la plupart des lycées actuels, dans une bulle scolaire où seuls la machine éducation nationale et le cadre scolaire comptent. C’est pourquoi nous militons pour un lycée dont la dynamique s’étend au delà du carcan scolaire.

Pour ce faire, parce que l’apprentissage des sports et des arts n’est limité au seul cadre scolaire, parce que le lycée doit devenir un lieu multifonctionnel où chacun pourra étudier, faire du sport, se cultiver, . . . , chaque lycée devra, à terme, conclure un partenariat avec au moins un club de sport et une école municipale d’arts ( danse, musique, peinture, . . . ).Ainsi, on pourra imaginer que, demain, une mutualisation des moyens existe entre des clubs de sport, voire les écoles d’arts, et les lycées (ce qui permettra à chacun d’obtenir des matériels extrêmement pointus, de pouvoir disposer plus efficacement des salles, . . . ), que les MDL et ces associations sportives et artistiques créent des activités, des manifestations ensemble, . . . ce qui raccrochera les activités extrascolaires avec un lycée devenu plus ouvert. Dans la même optique, des rectorats pourront conclure des partenariats avec des fédérations sportives pour des coopérations à plus grande échelle.

De plus, les partenariats entre les divers types d’établissements ( collèges, universités, . . .) doivent être développés pour une meilleure continuité de l’éducation ainsi que pour une meilleure mutualisation des moyens humains et financiers (on pourrait donc voir des enseignants-chercheurs donner ponctuellement 1 ou 2 heures de cours à des lycéens de ZEP et/ou de zone rurale, des microscopes sophistiqués d’une université servir pour un TP exceptionnel d’une classe de 3ème, voire des projets mêlant collégiens, étudiants et lycéens, . . . ) . Ainsi, chaque université devra conclure un partenariat avec au moins 3 lycées, dont un de ZEP, et chaque lycée devra aussi conclure un partenariat, mais ici avec au moins un collège et une université; tout en favorisant les tri-partenariats lycée-collège-université.

Enfin, pour que les lycées soient aussi, en ces temps d’échanges internationaux, au cœur des dynamiques mondiales, pour que chaque lycéen ait la chance de pouvoir échanger avec des jeunes d’autres pays, chaque lycée devra conclure, à terme, au moins un partenariat avec au moins un lycée dans l’UE et un lycée hors UE. Ainsi, nous auront des lycées ouverts sur le monde, pour le bénéfice de tous, tant au niveau éducatif qu’épanouissement personnel. Dans la même optique, les partenariats entre rectorats et instances éducatives régionales étrangères doivent se développer, pour des initiatives d’échanges plus larges et plus importantes.

Mais, aussi, les lycées, afin de pouvoir réaliser au mieux une politique éducative au plus près de l’environnement local et de ses spécificités doivent disposer d’une plus grande autonomie vis à vis des instances administratives académiques et nationales, sans pour autant créer de véritables institutions quasi-autonomes et très différentes les unes des autres. C’est pourquoi que chaque lycée pourra disposer de 10% voire 15% de son budget en parfaite autonomie afin de financer des projets spécifiques ou de renforcer ses points forts ou bien de s’attarder sur ses points faibles, sans que tout cela soit budgété, ayant fait l’objet d’une demande 3 ans à l’avance, . . . Ainsi, chaque lycée pourra donc être plus efficace car plus réactif. De plus, chacun de ces établissements aura droit à un budget propre (correspondant au financement d’un poste supplémentaire de professeur en plein temps pour 40 postes de professeurs équivalent plein temps dans l’établissement) qui leur permettra d’embaucher une ou plusieurs personnes supplémentaires dans l’établissement ( un nouvel assistant d’éducation, un éducateur sportif, . . .) afin de renforcer un point fort de cet établissement ou de palier un point faible. Ce budget sera augmenté de 25% pour les lycées de zone B, de 50% pour ceux de zone C et de 75% pour les établissements de zone D, afin de leur donner les moyens pour accompagner spécifiquement leurs élèves, pour plus de justice entre les lycéens.

 

h) un Statut Lycéen

Les Lycéens, comme travailleurs intellectuels (à l’image des étudiants), comme futurs citoyens responsables, comme jeunes adultes(21), comme membres d’une jeunesse qui s’émancipe de plus en plus, doivent enfin obtenir un statut propre, qui permettra à tous d’obtenir un accès égal à la culture ainsi qu’une reconnaissance sociale. Outre l’accès juste à une éducation de qualité pour tous, ce Statut offrira à tous les lycéens un plus grand accès à la culture, une formation citoyenne conséquente, l’existence d’une véritable démocratie lycéenne ainsi que de nouveaux droits essentiels pour tous.

Pour que tous les lycéens puissent avoir un large accès à la culture, la carte nationale du lycéen doit, à l’instar de la carte étudiante, offrir des réductions sur des achats culturels (livres, cinéma, . . . ), sportifs (licences sportives, . . . ) ainsi que sur les tarifs de transport (métro, TGV, . . . ). Ces réductions, de l’ordre de 5 à 25%, permettront donc aux lycéens de pouvoir plus facilement accéder à la culture financièrement, ce qui est évidemment bénéfique pour chacun. De plus, pour renforcer l’ouverture culturelle des lycéens, ces derniers doivent avoir visité au moins une fois un musée des Beaux Arts, un musée d’art contemporain, avoir assisté à une représentation (minimum) d’opéra et à une de théâtre et avoir vu, au cinéma, au moins un film (en Version Originale) primé au festival de Cannes, gage de sa qualité.

Aujourd’hui, plus de 60% des terminales ne savent clairement la différence entre la droite et la gauche en politique(22), constat plutôt inquiétant, quand on sait que ces lycéens votent ou vont voter aux élections, et qui montre bien les carences de l’apprentissage civique dans notre école. C’est pourquoi le lycée de demain devra absolument offrir à tous les lycéens une formation civique conséquente pour que chaque lycéen ait toutes les clés en main pour se forger son propre avis politique, en toute connaissance de cause. Pour ce faire, l’ECJS devra voir son volume horaire renforcé, conformément à son importance cruciale pour la formation des lycéens, futurs citoyens. De plus, chaque lycéen devra avoir au moins une journée de formation civique, animée par des élus, des intervenants spécialisés, . . . Aussi, afin de sensibiliser efficacement les jeunes au danger de l’extrémisme, chacun devra avoir lu le livre La Vague(24) et avoir vu son adaptation cinématographique, activités qui devront ensuite vers l’objet de débats/réflexions encadrés par les professeurs d’ECJS, d’Histoire-Géo, . . .

La Démocratie Lycéenne souffre aujourd’hui d’un manque d’intérêt de la part des lycéens, en témoigne les abstentions record lors des élections des CVL. Pourtant, les instances lycéennes jouent un rôle crucial dans la représentation de tous les lycéens, en exprimant et portant les projets des élèves. C’est pourquoi une réforme indispensable doit voir le jour concernant la Démocratie Lycéenne, qui permettra à cette dernière de trouver plus de force, plus de vigueur, plus d’importance et plus de légitimité. Nous proposons donc une nouvelle réforme électorale concernant la Démocratie lycéenne, avec une obligation pour les lycéens de voter aux scrutins. En contrepartie, tous les bulletins blancs et nuls seront exprimés lors de toutes les élections à scrutin non-proportionnel. Ainsi, les élus lycéens auront plus de légitimité électorale et les lycéens pourront tous également exprimer leurs avis. De plus, toutes les institutions devront être réformées. Ainsi, comme cela va se faire lors de la rentrée 2010, les CVL(25), dans chaque lycée, devront compter 10 membres lycéens, élus pour un mandat de 2 ans, et seront renouvelés par moitié tous les ans. Quant aux CAVL(26), ils devront toujours compter 20 élus lycéens pour un mandat de 2 ans mais seront eux aussi renouvelés par moitié tous les ans. Les élus CAVL devront toujours être toujours élus par les élus CVL de leurs départements respectifs, à raison d’un élu CAVL par département par an minimum. Afin, de donner plus de légitimité nationale au CNVL(27), ce dernier sera composé de 40 élus lycéens pour un mandat de 2 ans, sera renouvelé par moitié tous les ans et sera élu par tous les lycéens de toute la France (par un scrutin de liste proportionnel à 1 tour, 5% des voix équivalent à 1 siège, 20% à 4 sièges, 39% à 7 sièges, . . . [la liste ayant obtenu le plus de voix se verra attribuer les sièges restants] ) . Enfin, les membres lycéens au CSE(28) seront élus tous les 2 ans par les élus CAVL et CNVL.

Enfin, les lycéens ont aussi de nouveaux droits à obtenir, par leurs positions de travailleurs intellectuels, de futurs citoyens responsables et de jeunes adultes. C’est pourquoi nous demandons qu’à l’instar des étudiants le droit syndical soit reconnu aux lycéens, que le droit de manifester soit clairement reconnu et qu’un guide des droits lycéens soit distribué à tous afin que chacun puisse clairement les connaitre, les utiliser et les respecter. Ainsi, les lycéens disposeront des droits élémentaires en toute connaissance de cause, conformément à leur (très) future place dans la société.

Notes

(1) Abraham Lincoln, président des Etats-Unis (1860-1865)

(2) chiffres donnés par l’inspecteur général honoraire Georges Fotinos, soutenu par la MGN et la Casden, organismes mutualistes, 2010

(3) étude menée par l’équipe du département « Sciences Sociales » de l’université australienne de technologie de Swinburn (Australie) sur un panel de 310 lycéens de 15 à 18 ans et parue dans la revue Journal of adolescence; enquête de l’académie de Lyon en 1993 sur 25700 lycéens de 15 à 20 ans (qui a diagnostiqué un manque de sommeil chronique de ces lycéens).

(4) étude TNS Sofres de 2005 pour l’Institut du sommeil et de la vigilance

(5) dans les années 1990, dans certains lycées l’heure des cours a été repoussée d’une heure avec pour résultats un taux d’échec et de dépression des lycéens en baisse significative et des notes augmentées.

(6) Institut national de la recherche médicale qui proposait en 2001 de fixer l’heure de rentrée des collégiens à 9h.

(7) il y affirme que « si on doit supprimer [des heures], c’est au lycée où les élèves ont beaucoup trop d’heures de cours »

(8) en Afrique du Sud un cours dure 35 minutes !

(9) Le lycée de La Tourelle (de ZEP) de Sarcelles (95) se bat pour garder ses heures de classes dédoublées (compromises par une diminution de leur Dotation Horaire Globale (DHG)) et garder ses taux de réussite au BAC variant de 70 à 90% (cf Le Monde de l’éducation, 14 avril 2010).

(10) est indiqué ici comme formation actuelle celle de la masterisation, avec laquelle, pendant la rentrée 2010, les jeunes formés par elle enseigneront, et contre laquelle le SGL se bat avec la FCPE, le Snes, . . .

(11) source : Ministère de l’éducation nationale

(12) réforme universitaire européenne Licence Master Doctorat, mise en place dans les 45 pays de l’Espace européen de l’enseignement supérieur

(13) structure mise en place à l’IUFM de Lyon depuis 8 ans, animée par une formatrice psychologue et ouverte entre 12h et 14h.

(14) Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Education

(15) un numéro de téléphone pour aider à l’orientation est mis en place pour les habitants de 41 départements par l’ONISEP (0810012025).

(16) convoquée par le proviseur en cas de fautes graves.

(17) Tableau Blanc Interactif

(18) son usage est notamment par les professeurs, les formateurs des IUFM (cf Le Monde de l’éducation, du 10/02/2010)

(19) comme les IPad, . . .

(20) selon l’INPES, il faut au minimum 3,5€ par jour pour manger équilibré (La Santé de l’homme n°402, juillet-aout 2009)

(21) cf rapport Descoing, 2009

(23) Education Civique, Juridique et Sociale

(25) Conseil de la Vie Lycéenne

(26) Conseil Académique de la Vie Lycéenne

(27) Conseil National de la Vie Lycéenne

(28) Conseil Supérieur de l’Education